Avant l'émeute il y a...
Une exposition photographique de Ben Art Core proposé par le LISI a spécialement été conçue par Emilie Fernandez Montoya à partir des archives du photographe toulousain Ben Art Core. Cette écriture sociologique et visuelle a été composée pour mettre le visiteur en immersion dans les analyses et concepts présentés sur le phénomène des émeutes urbaines présentés lors de cette conférence.
Cette exposition a été présentée à l'université de Perpignan lors de la conférence «Émeutes, révoltes collectives et réactions sociales» co-organisée par le Réseau «Normes, déviances et réactions sociales» de l’Association française de sociologie, l’Association des chercheurs des organismes et de la formation de l’intervention sociales (ACOFIS), l’axe «Normes et interventions sociales» du CRESEM et l'IFRASS.
Avant l’émeute il y a la vie d’un quartier, ses habitants, sa jeunesse, ses associations, ses luttes, sa transformation, sa détérioration, l’arrivée du narcotrafic et…un drame collectif.
Ben Art Core courant 2023 réalise quotidiennement des photographies dans le quartier de la Reynerie à Toulouse. Il y photographie le lent changement et la transition douloureuse qu’engendre toute transformation urbaine.
Et puis un jour, le 27 juin 2023 au matin, le jeune Nahel est tué à Nanterre. A la Reynerie tout va s’embraser pendant plusieurs jours.
Cette exposition s’arrête sur les différents visages qui constituent le décor de l’émeute.
On y découvre le quartier dit «défavorisé», «prioritaire», «populaire» et les ingrédients latents, qui peu à peu, vont y donner naissance. L’effacement de la mémoire du quartier, l’inquiétude qui monte chez les habitants pour qui la rénovation signe surtout la hausse des loyers et l’obligation de quitter définitivement le quartier... Les démolitions qui créent des espaces semi-abandonnés ouvrant la voie à l’errance et au narcotrafic…
Les habitants résistent, luttent, se mobilisent malgré des conditions sociales qui ne cessent de s’aggraver.
Un drame survient dans un autre quartier et il devient l’écho de tous les quartiers de France. L’émeute devient alors un temps spectaculaire, une étincelle dans ce décor si calme et docile. Expression d’un élan vital par la destruction, l’émeute est la mise en scène de la force d’une jeunesse aux horizons incertains. Elle fait rêver un instant, comme le projet de rénovation, elle laisse croire que l’après sera meilleur…
EFM
